Faits divers ( un peu en retard, mais toujours d'actualité - - - )
mercredi 17.04.2013, 08:00
Mardi (16 avril ), vers midi, un homme s'est retranché chez lui, au 4e étage d'une immeuble de la rue Jules-Ferry, non loin de la rue de la Paix à Boulogne.
Seul, armé et désespéré, le Boulonnais de 30 ans a menacé de mettre fin à ses jours pour revoir ses deux enfants. Il a finalement été interpellé en fin d'après-midi par les hommes du GIPN, venus de Lille en renfort.
EUR Jonathan Touverey avait témoigné dans nos colonnes en mars 2012, alors que nous présentions l'association SVP Papa, dont il faisait alors partie. Il nous avait confié sa détresse, celle de ne pouvoir retrouver plus souvent ses deux enfants. Séparé de la mère de ses deux bambins, un petit garçon de 10 ans et une petite fille de 6 ans, il nous avait expliqué qu'il lui était très difficile de les voir, malgré les décisions de justice rendues en sa faveur.
« Papa vous aime »
Sa confidence révélait déjà une grande souffrance. Cette fois, le Boulonnais a exprimé son ras-le-bol autrement, plus violemment. Avec une carabine et un bidon d'essence, menaçant de mettre fin à ses jours et le feu à son logement, le père de famille s'est retranché à son domicile mardi, vers midi.
Sur la porte de son logement, il a laissé un mot : « Papa vous aime », ne laissant aucun doute sur le motif de son geste. Arrivées rapidement sur place, les forces de l'ordre ont tenté de convaincre le Boulonnais de sortir de chez lui. En vain.
« La mère ne veut rien entendre »
« Il est à bout, explique sa soeur, Jennifer Touverey, également présente sur les lieux. Son ex femme réside à Reims et elle refuse tout simplement de lui présenter ses deux enfants. Cela fait des semaines qu'il ne les a pas vus. Pourtant, il y a des ordonnances qui ont été rendues, mais la mère des petits ne veut rien entendre. Il est désespéré et ne sait plus vers qui se tourner... » Pour assurer la sécurité du voisinage, environ 35 personnes ont été évacuées et un périmètre de sûreté a été mis en place autour de l'immeuble du père de famille.
Face à la détermination et à la difficulté d'établir un dialogue, la police de Boulogne a décidé de faire appel au GIPN de Lille. « Nous avons essayé de le faire sortir calmement, précise Jean Ollier, adjoint à la direction départementale des services de police. L'intervention du GIPN nous semble la meilleure solution pour éviter tout drame, autant pour lui que pour les autres. » A son tour, le négociateur du groupement a tenté, par le biais du téléphone, de convaincre le trentenaire de ne pas commettre l'irrémédiable. Sans davantage de succès.
Le procureur de la république de Boulogne, Jean-Philippe Joubert, et le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, ont été avisés de la situation.
Finalement, vers 17 heures, avec un bélier, les hommes du GIPN ont fait irruption dans le logement du Boulonnais et sont parvenus à l'interpeller, sans violence. « Je suis un papa, j'ai des droits », a scandé Jonathan Touverey, traversant le parking de son immeuble, encagoulé, en direction du fourgon de police, encadrés par les policiers. Il devait être placé en garde à vue afin d'être entendu.
SVP Papa : « on se reconnaît dans ce cas »
Ce geste désespéré fait inévitablement écho à ceux de deux pères de famille, également privés de leurs enfants, qui étaient montés sur des grues au mois de février dernier. Yann Vasseur, président de l'association boulonnaise SVP Papa se trouvait lui aussi sur les lieux. « Jonathan Touverey a fait partie de notre association l'an dernier, explique le président de l'association. Sa situation n'est pas nouvelle, nous avons une pensée pour cet homme, ça aurait pu être l'un de nos adhérents. Ce que ressentent les pères, on n'en parle moins souvent que la détresse des mères. Pourtant, elle est tout aussi forte ».
Louise HAZELART, Sylvia FLAHAUT et Florence PECRIAUX
La Semaine dans le Boulonnais